Résumé des épisodes précédents
Le 8 décembre 2017, les associations intervenant pour l’accompagnement des migrants sont reçues par le Ministre de l’Intérieur, Gérard Colomb. La bouche en coeur, celui-çi leur explique qu’il serait heureux de pouvoir faire équipe avec des représentants de l’action sociale pour … faire sont boulot de flic! sic. Le « boulot de flic » est nécessaire et très honorable, mais ‘faut pas tout mélanger ! Les associations quittent immédiatement la réunion : comment pourraient-elles proposer un hébergement d’urgence inconditionnel, si des contrôles administratifs sont effectués dans les lieux d’hébergement ? Les contrôles administratifs sont légitimes et nécessaires, mais pas dans les lieux qui proposent une aide humanitaire d’urgence. On ne demande pas ses papiers à quelqu’un qui a froid ou faim. On lui donne un abri et à manger. Point. Chacun son boulot et les droits (tous) seront bien gardés !
Le 12 décembre, visiblement pas perturbé outre mesure, Gérard Colomb envoie aux préfets, une circulaire, dans laquelle, avec un en même temps défiant la logique rationnelle dont ce gouvernement commence à sérieusement être coutumier, il réaffirme « le principe d’inconditionnalité d’accès à l’hébergement d’urgence » et en même temps, il enjoint les préfets de « bâtir localement un dispositif de suivi administratif des personnes étrangères en hébergement d’urgence ». En clair, on contrôle pas les personnes en hébergement d’urgence, mais en même temps, on le contrôle. Voyez ? 1
Donc là, forcement, énervement et protestation dans le Landerneau humanitaire, au point que Gérard Colomb se met à la jouer en mode Calimero sur le thème j’en ai marre de passer pour le facho de service, c’est trop pas juste, Edouard Philippe se mouille pas. Dans un premier temps, je me suis empressée de lui recommander l’astuce beauté de Mathilde Robert : ne pas être un facho. Ensuite, j’ai entendu Marilyne Baumard, journaliste au Monde, spécialisée sur les questions d’immigrations, expliquer que « Matignon plaide pour que soit nommé très rapidement un délégué interministériel2 pour l’intégration pour faire venir des réfugiés relocalisés, et qui n’en veut pas ? c’est bien sur la place Beauvau3 ». C’est-à-dire que Papy Gégé, y veut pas d’un délégué interministériel dans les pattes parce qu’y veut faire ses trucs tout seul, mais quand ça se passe mal, là, il va pleurer dans les jupes de Matignon ! je me maaarre…
Présentation des dispositions du projet…
Le 11 janvier 2018, les associations ont donc été reçues par le Ministre de l’intérieur … et le Premier Ministre !… Certaines associations, comme MSF ont préféré ne pas se rendre à la réunion du ministère, refusant ainsi de servir d’alibi à un simulacre de consultation. Avec d’autres associations (la Cimade), elles affirment que ces réunions ne sont pour le gouvernement que l’occasion de tenter de convaincre du bien fondé de l’orientation déjà arrêtée de sa politique, mais que les associations ne sont consultées sur rien et qu’aucune réponse n’est apporté par le gouvernement aux questions et mises en cause formulées.
La « présentation des dispositions du projet de loi asile-immigration », sorte de note d’intention de trois pages qui a été adressée aux associations par le secrétariat du Premier Ministre est d’ailleurs tout à fait édifiante : le but clairement affiché est de « maîtriser » ou comme exprimé par ailleurs de « raccompagner plus », bref, de REJETER PLUS. Point barre. Même dans le paragraphe intitulé « Améliorer les conditions d’intégration et d’accueil », trois des sept points concernent en fait des restrictions et autres recherche de fraudeur ! (Lire le document ci-dessous, avec mes commentaires en marge, en particulier à propos des propositions indécentes concernant la réduction des délais…)
Société civile, mon amie, si nous voulons que ces têtes de nœuds écoutent ce que nous pensons de leur politique de gestionnaires, dans laquelle les chiffres disent soit disant tout 4 et ne pas laisser aux haineux et aux anxieux, le monopole de la parole, je crois qu’il va falloir hausser le ton !…
VG
1 Dans une décision rendue le 19 janv 2018, Jacques Toubon, Défenseur des droits recommande au premier ministre, de retirer la circulaire sur l’hébergement d’urgence
et le 11 janvier 2018 – le jour même où elles sont reçues au ministère – 27 associations ont déposé un référé demandant au Conseil d’Etat de suspendre cette circulaire. Audience le 16 février 2018
2 Dans son discours à Calais, le 16 janvier 2018, Emmanuel Macron a annoncé la nomination « la semaine prochaine » d’un délégué interministériel aux réfugiés.
3 Dans C dans l’air du 11 janv 2018 sur France 5
4 Emanuel Macron, Discours du 16 janv 2018 à Calais
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